Remise des Prix suisses des arts de la scène 2025
C’est à Equilibre Nuitonie en plein cœur de la ville bilingue de Fribourg qu’a lieu la remise des Prix suisses des arts de la scène. L’ambiance est au réseautage et aux papotages discrets dans la grande salle de spectacle avant que la cérémonie ne commence.
Viviane Bonelli
Photographes, artistes, directeurs de salle, producteurs, délégués culturels, comédiens et figures politiques se parlent, se regardent et tentent de se reconnaître. Parmi ce beau monde, notre Conseillère Fédérale, Elisabeth Baume-Schneider, serre des mains et se réjouit déjà de la fête qui s’annonce belle et pleine de surprises.
Pour la présentation de cette soirée exceptionnelle, ce sont Lauro Monbelli et Laura Chaignat qui ouvrent la cérémonie signée en simultanée en langage de signes.
Simone Toendury, présidente du jury des arts de la scène, débute son discours sur un ton un peu alarmiste. Elle parle de coupes budgétaires, de conditions de travail précaires des artistes et d’un monde qui va toujours plus vite. D’un monde, où il faut produire en privilégiant le taux de remplissage des salles aux conditions de création.
Pour ponctuer toutes ces remises de prix, la troupe du Théâtre circulaire, avec le comédien Andrea Camatarri, un homme orchestre affublé d’une batterie sur le dos, d’une guitare à la main et d’une trompette imaginaire dont il reproduit les sons à merveille avec ses lèvres, accompagné de son acolyte et collègue Luca Lombardi, nous font rire tout au long de la soirée.
Le Syndic, Thierry Steiert, parle des nouvelles politiques culturelles de la ville de Fribourg et se sent heureux et fier de pouvoir proposer cette remise de prix dans la ville qu’il dirige.
La soirée commence à présent avec tout d’abord la remise du prix du spectacle suisse de théâtre 2024 qui revient à Julia Perizzani pour son spectacle « Dans ton intérieur ». Son mot de remerciement touche jusqu’à la Conseillère Fédérale qui en parlera dans son discours de clôture, puisque la comédienne remercie en toute humilité une liste infinie d’amis et de personnes qui ont contribués à sa réussite. Faire un spectacle c’est souvent la collaboration de beaucoup d’individus qui font que ça fonctionne.
Le prix du spectacle suisse de danse 2024 est décerné à Clara Delorme pour son spectacle « Le Repos ». Elle s’adresse ce soir-là directement Elisabeth Baume-Schneider pour la remercier d’être là et lui demande d’intervenir à Gaza.
Quant à Annina Mosimann, marionnettiste, performeuse et plasticienne, elle reçoit le June Johnson Newcomer Prize 2025.
Puis, l’homme orchestre et son acolyte reviennent sur scène pour apporter un peu de légèreté après cette première heure chargée d’émotions.
Place maintenant aux neuf Prix suisse des arts de la scène 2025 qui récompensent des personnes ou des institutions qui ont contribué de façon remarquable à la diversité de la création culturelle des arts de la scène en Suisse.
Tout d’abord, il y a l’auteur, dramaturge et comédien Martin Bieri, puis l’incroyable circassienne, comédienne et metteuse en scène Titoune Krall et enfin les femmes du FIT (festival internazionale del Teatro e della scena contemporenea) pour leur travail engagé.
Chaque prix est remis par un membre du jury qui prononce un éloge personnel à l’égard de chaque artiste. Tous les discours sont emprunts de véracité, de bienveillance et de reconnaissance.
Place ensuite à Anne Davier, figure marquante de la scène chorégraphique suisse, puis movo, plateforme dédiée aux arts de la scène des personnes sourdes et malentendantes et enfin Fabrice Gorgerat, metteur en scène et dramaturge, qui recevront eux aussi un prix.
Lors de leurs discours de remerciements, les actrices de movo se sont exprimées sous différentes formes dont celles du langage des signes.
Se sont enfin les prix qui sont remis au performer et performeuses avec tout d’abord Davide-Christelle Sanvee qui remercie les jurys avec un magnifique discours qui enchaîne les et si… qui font que notre vie est ce qu’elle est.
Place ensuite au créateur de danse et performer activiste David Hellmann qui arrive sur scène en jupe, talons et tétines de vaches en plastique qu’il secoue en levant les bras en signe de victoire et enfin Géraldine Chollet est remerciée et récompensée pour son travail.
Derrière chaque prix, il y a beaucoup d’années de travail, de sacrifices, de génération d’artistes qui ont permis d’avancer et d’amener différentes visions. Il y a les politiques culturelles qui évoluent elles aussi et s’adaptent au temps qui passe. Durant toute la soirée, les idées se sont succédées, les messages sont passés, les artistes se sont exprimés.
Il y a eu les arts du cirque, de la danse, les performers, les arts de la scène mais où était l’humour. Cet art, car oui c’en est un, était certes présent, en interlude, pour rendre l’atmosphère plus légère, moins lourde, moins dramatique. Mais à quand les nominés qui font rire puisque l’humour n’est pas seulement là pour divertir mais également pour faire passer des messages au même titre que la danse, la performance ou la scène. Par l’humour nous pouvons tout, nous osons tout puisque l’humour est un art engagé et la culture sous toutes ses formes est là pour nous faire prendre conscience du monde qui nous entoure.
La soirée touche maintenant à sa fin, alors place à Thomas Hauert, lauréat du Grand Prix suisse des arts de la scène, très ému lorsqu’il reçoit l’Anneau Hans Reinhart 2025 qu’il passe à son doigt.
L’Office fédéral de la Culture récompense ainsi la carrière exceptionnelle du chorégraphe et danseur suisse. L’éloge lui est rendu par Elizabeth Baume-Schneider, elle-même, qui en a profité pour dire au public qu’elle avait bien entendu tous les messages qui lui avaient été adressées et pour remercier tous les artistes pour leur travail remarquable
Le photographe rassemble tout le monde sur scène, le public se disperse, redescend les marches et se retrouve autour d’un apéritif composé de foccacia, de petits légumes, d’eau et de vin en toute simplicité. Les mains se serrent, les sourires apparaissent sur les visages soulagés, la soirée fut belle, les artistes peuvent être heureux et fiers de faire partie d’un pays ouvert d’esprit et en adéquation avec le temps qui passe.
Merci à l’OFC de donner les moyens aux artistes de s’exprimer.
Adrian Moser
Corinne Soland
Hinterlasse einen Kommentar
An der Diskussion beteiligen?Hinterlasse uns deinen Kommentar!